Argument N°7
Les Français ont voté pour cette réforme : non !
Selon les députés de la majorité, le président de la République, élu sur cette réforme, ne fait qu’appliquer son programme. Durant la campagne présidentielle 2022, le président-candidat assumait effectivement de vouloir repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Mais durant sa campagne de second tour, pour s’attirer les électeurs de gauche face à Le Pen au nom du front républicain, il a infléchi son discours, parlant d’une retraite à 64 ans.
Le chiffre importe finalement peu : bien loin d’être convaincus, c’est pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir que ceux qui ne lui ont pas donné leur suffrage au premier tour l’ont fait au second, tandis que l’abstention atteignait des records.
Les Français ont d’ailleurs tellement plébiscité le programme présidentiel qu’ils ont été près des deux tiers à souhaiter qu’il n’ait pas de majorité parlementaire pour l’appliquer. Résultat : en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, c’est par une utilisation excessive, voire abusive, du 49-3 qu’il faut gouverner. Impossible de plus de parler de légitimité démocratique à imposer un report de l’âge de départ à la retraite que seuls… 11% des Français sondés souhaitent, selon les dernières études d’opinion ! La légitimité est ici du côté des salariés, qui ont toutes les raisons de refuser cette réforme et de manifester pour faire entendre ce refus. Il faut également préciser que le candidat Macron promettait la retraite à 65 ans lors de la campagne 2022, l’allongement de la durée de cotisation ne faisait pas partie du lot.
Pour finir, en 2019, l’ambition initiale du gouvernement était bien plus importante puisqu’il s’agissait de mettre en place un nouveau système privilégiant la capitalisation et pas seulement d’agir sur un paramètre ou deux, comme cela a déjà été le cas lors des précédentes réformes des retraites. L’autre grande orientation de la réforme de 2019 visait à bâtir un régime universel pour tous les travailleurs en supprimant les régimes spéciaux qui, cette fois-ci, sont sauvés. Mais il ne faut pas s’y tromper : la réforme 2023 reste un nouveau coup de boutoir dans notre édifice social avec l’objectif à peine masqué de le mettre à terre. Pour FO, il n’y a pas d’autre choix que de s’y opposer.