L’USINE NOUVELLE – Olivier James – Publié le
La compagnie américaine United Airlines a passé commande à Airbus de 50 A321 XLR. Un contrat qui reflète la crise majeure que traverse l’américain Boeing, incapable de réagir face à cet appareil.
United Airlines a passé une commande ferme pour 50 Airbus A321 XLR.
Qui a dit qu’Airbus ne profitait pas de la crise de Boeing ? S’il en fallait la preuve, la voici : United Airlines vient de signer une commande ferme pour 50 Airbus A321XLR afin de remplacer sa flotte de Boeing 757-200 quelque peu vieillissants. Le premier exemplaire sera livré en 2024 et entrera en service en 2025. Ces moyen-courriers permettront à la compagnie américaine d’assurer des vols transatlantiques entre l’Europe et les Etats-Unis.
Pour Airbus, le succès commercial de l’A321 XLR (pour Extra Long Range) est éclatant. Dévoilé en juin dernier lors du salon aéronautique du Bourget, l’appareil cumule déjà environ 330 commandes. L’avionneur européen a résolu une équation complexe : avec son rayon d’action de 8 700 km, ce mono couloir offre la possibilité d’assurer des lignes qui étaient jusque-là réservées aux longs-courriers. Plus facile à remplir, l’A321 XLR est donc plus rentable pour les compagnies aériennes. D’autant que, comme le souligne United Airlines, il offre une réduction de consommation de carburant par siège de l’ordre de 30%, par rapport à la génération précédente d’avions.
Allongement du fuselage, réservoirs supplémentaires, trains d’atterrissage renforcés, nouvelles portes… Il a suffi à Airbus de quelques ajustements pour parvenir à développer cet avion, à partir de l’A320neo dont il est désormais la plus longue version. Au final, l’A321 XLR peut transporter jusqu’à 220 passagers et entrera en service dès 2023. Il succède ainsi à l’A321 LR, lancé quant à lui en 2014 et qui cumule environ 140 commandes.
Le NMA sur le banc de touche
Si cette commande de United Airlines vient renforcer encore le succès commercial de l’A321XLR, elle constitue surtout un camouflet pour Boeing. Elle jette une lumière crue sur la crise que traverse le groupe, à la suite des deux crashs ayant impliqué des Boeing 737 MAX. Car United Airlines s’est aussi – et surtout – tournée vers Airbus en raison de l’absence d’appareil équivalent côté Boeing.
Concentré sur la remise en service de son monocouloir, cloué au sol depuis la mi-mars, Boeing n’a pas eu la possibilité de lancer son fameux avion NMA, cet avion de milieu de marché également surnommé 797. Un appareil qui ferait la jonction entre les monocouloirs actuels et les long-courriers et dont Boeing n’a cessé ces dernières années de reporter le top départ. Parviendra-t-il en 2020 à remettre le 737 en vol et à commercialiser un nouvel appareil dans la foulée?
« Il y a toujours une équipe chez Boeing qui travaille sur le NMA, confie une source proche du dossier. Mais on imagine mal le patron actuel venir demander 10 milliards de dollars au conseil d’administration pour le développer alors que le groupe n’a plus de cash et une dette avoisinant les 20 milliards de dollars. » Boeing n’est donc pas prêt de pouvoir trouver à court terme un remplaçant de son actuel 757, laissant à Airbus tout loisir de vendre ses A321 XLR comme des petits pains.
Une nouvelle ligne bientôt à Toulouse?
Pour autant, Airbus ne va pas se contenter d’engranger les commandes en se tournant les pouces. Car pour l’avionneur européen, l’enjeu industriel est de taille. Aménagement inédit de classes, nouveaux câblages, nouvel aménagement intérieur… Airbus doit gérer une complexité croissante dans l’assemblage de son monocouloir tout en assurant la production d’un grand nombre de versions différentes. Sans oublier que les compagnies aériennes cherchent désormais à personnaliser leurs appareils.
Raison pour laquelle Airbus mise de plus en plus sur la robotisation et l’automatisation de la production, comme en témoigne l’ouverture récente d’une ligne d’assemblage d’éléments de fuselage à Hambourg (Allemagne). En terme capacitaire, l’industriel étudie également la possibilité d’ouvrir une nouvelle ligne d’assemblage pour tenir les cadences, qui s’établiront à 63 A320 par mois d’ici 2021. Elle pourrait être installée à Toulouse, dans des locaux jusque-là réservés à l’A380. La décision sera prise d’ici la fin de l’année ou en début d’année prochaine.